Perdue dans la salle d'un vieux bar, des souvenirs en vrac sur fond de ciel noir se bousculent dans ma mémoire... assise sur des tonnes de cafard, je reste seule à parler au miroir... il n'y a plus rien à faire que de revoir le film à l'envers... (Jesus Vilanueva, Sheila)
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Dehors, une journée si... Belle... Le flip!
Mon amour? En voyage...
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Bonjour mes p'tits amis,
merci pour vos cartes, merci pour vos lettres, merci pour les CD.
Voici donc des nouvelles, en vrac, distordues. Vous vous rappelez?
Un jour, nous voulions écrire des polars. Du Battisti, sûrement... Je ne suis toujours pas passé à l'acte. Je dirais qu'il y a quelque chose qui me gêne là -dedans... Tuer des gens pour écrire une histoire...
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L'Histoire s'écrit avec du sang...
UN ÉPAIS MANTEAU DE SANG... (José Bénazéraf, 1968 : Valérie Lagrange, Paul Guers, Hans Meyer, Katia Bartell, Éric Arnal)
Ouais... Mais c'est toujours le même... Rouge... il coule sur la route...
Gegangen sajnen sskejnim, kinder, wi zu der akejde rinder, mentszchns blut geflossn is in gass.
Bon... La fatalité est ennemie de la révolte. OK! Alors, voilà ... des nouvelles... et des poèmes... Ce n'est pas...
L'ELDORADO!
Enfants, en pleine course au Trésor, ils partent
vers des pays lointains... Une île!
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Des filles brunes, nues!
pleines de rires, de l'eau jusqu'Ã la taille.
Les braves marins plongent! jusqu'Ã la garde!
À la corvette les gars! Tournantes!
Clic... Clic... Clic... parano... macho... pessimiste!
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Je n'ai jamais oublié
le 11 Septembre 1973.
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Taches noirâtres sur des torchons blancs,
rouges, elles s'étalent sur les draps encore tièdes.
Feuilles rousses, arbres gris, champs enfumés,
où paradent les corbeaux,
pas assurés sous un soleil d'or et d'argent.
Les armoires, les tapis, sèchent sur les planchers enflammés.
Une ombre, secrète, pare de justesse le portrait officiel.
La poussière s'étale sur le marbre de la cheminée.
La fumée s'élève sur le Palais, en efface les toits.
Un suaire recouvre le cadavre noirci.
Les braises rougeoyantes de longues flammes lèchent les murs.
En silence un miroir regarde tomber la nuit.
Luna negra.
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No Recuerdos!
Don José, condamnez cette porte!
à vos ordres Mon Général!
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Tout bien réfléchi... je n'ai plus l'humeur sanguinaire. Je tourne la page! Je vais plutôt tenter le coup avec des histoires de tapet's boys et de gouss's girls!
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ta fleur la plus douce, la plus érotique et la plus enivrante... Petite Amour, laisse glisser ma main...
– Marie, je suis un peu inquiète...
– Jean t'a dit qu'il reviendra très tard... Laisse-moi t'embrasser...
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J'me tape la colonne dans ma turne! Devant l'absurde! une conférence de presse de Pom! Pidou hou! hou! Tête de chou! qu'est-ce que tu veux faire?.. tu te défonces, tu fais sauter l'Elysée! Ou tu r'gardes autour de toi! T'es louf! Des p'tits lots partout! Libres! Pé – tées les ceintures! Finies les barricades! Les lolos à l'air! Léo... L'érotisme est une dénégation de toutes les structures de la société bourgeoise! L'homme qui bande peu ne rit pas!
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C'qui m'manque alors, c'est juste un plumard discret! Peinard! À poil! raconter ma vie, tard le soir, tirer ma crampe dans l'moite! Au poil! Aux cuisses! avec des jolies p'tites veilleuses pour m'guider à la crac et m'travailler soua soua! Dag dag! Mais voilà ! Que dal! J'file la vingt-et-une! Chez mes dabs! En tringle! Libre quoi!!!
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1. le toutime! la crim', les cognes, les condés, les hambourgeois, les indics, les bavards, les curieux, les gerbiers, les chats, c'est pas mon truc! à force de fréquenter le grand carreau, tu te retrouves au grimoire, la corde au cou... T'es passé à table! Attention le pié de grue! La marque de l'outarde! Un beau titre!
Commissaire! les recettes de ta Mie t'empâtent... Obèse! Mais toujours prêt! L'Alphonse et le Piano sous le coude! Pâtée grasse à la gamelle... tu rugis au moindre suspect!
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– Ma Mie! Bon sang! Là ! un bloche dans l'panier!
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Mamie trotte, docile. Bon sang! Elle va pas lui raconter des salades!
Elle dédramatise! Hop! Un coup de balayette! Changement de sujet!
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– Perdreau, démite ta canadienne! C'est l'heure de la vadrouille!
– Mamie... prends un petit sac plastique! Faut planquer ce cane! Citoyenne ! nos enfants veulent un monde propre!
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2. Libre! Relaxe! Sortie du ventre! Claque au cul! Mauvais débuts! Les boules! J'dévide le jars! J'en r'froidis un! J'le jure! Sur la Bible!
Ouais... Tout l'monde s'en fout! Pas un mot à la reine mère!!! Basta!
Clair avec les cognes, les bavards, les juges, les assurances, les pasteurs et les cur'tons! Happy End! J'ai l'pébroc! Allez! à la niche!
Mais si... immoraliste! J'me blanchis! j'les accuse! Y m'lynchent Julia! Au goudron l'assassin! Sauf s'ils sont vraiment sûrs de m'tirer du pognon! S'cusez-nous, M'sieur, l'coffiot est ouvert! Sourires... Style!
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Le train démarre.
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Une odeur de sang monte au-d'ssus d'Sabra.
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J'suis écœuré... Mes voisins d'compartiment, moroses, annihilés (il faut parfois rêver!) par l'ampleur d'la vengeresse sauvag'rie, sanguinolente et rancunière bouch'rie, ont surtout l'regard, téloche en rade, plus d'piles au radium, d'ceux qui songent aux vannes d'l'arrivée, une bombe sous la tondeuse à gazon...
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Le sexe nu, un homme se penche sur son destin...
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Nous sommes tellement éduqués à ne donner notre corps qu'en cas exceptionnels d'amour sans faille, que l'offrir uniquement par pur plaisir n'est que blasphème méprisable...
Assieds-toi! Je vais à la cuisine... ne flippe pas! le remue-méninge!.. c'est le bac du frigo! Sec, le coca? (Une longue vague de bulles fraîches et amères parcourt ma gorge en feu).
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Pierre Belleney, rushes de : Le Miroir (ciné-roman),
2012, Editions de l'Obsidienne
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