J’escorte en frémissant une sylphide atone
Sur la rive d’un lac orné de nymphéas
Et sous le ciel d’azur que nous offre l’automne
J’entends battre mon cœur au rythme de ses pas.
J’aimerais plus que tout, avant ses fiançailles
L’entraîner par la main au-delà des hangars
Et courir sans frayeur à travers les broussailles
Pour enfin nous aimer à l’abri des regards.
J’essaie d’apercevoir cette Ophélie farouche
Sur la route en lacets qui borde le ravin
Je reste seul, Hamlet posé sur une souche
Dans la forêt ombreuse où je l’attends en vain.
Le regard dans le vide à l’ombre d’une treille
J’ai peur de l’avenir et le froid me pénètre
Mais de cette aventure à nulle autre pareille
Il me reste un aveu et un enfant peut-être.
Déjà presque arrivé au terme de ma vie
Je rêve chaque nuit de ce pays lointain
De ma soif étanchée, de ma faim assouvie
Et de la fleur de lys qui changea mon destin.