EXTRAIT 2
L'impasse
L’IMPASSE
Six heures, peut-être,
Bientôt, le jour allait commencer à poindre
Le ciel était chargé de nuages menaçants
Quelque part, un chat miaulait désespérément
Pour pouvoir survivre, il fallait tout craindre.
Sept heures, peut-être,
La rue était déserte et triste, comme morte
Les heures monotones et lugubres s’écoulaient
Condition sine qua non de leur lâcheté
Des silences, il y en avait de toutes sortes.
Huit heures, peut-être,
La pluie fine léchait les hideuses hécatombes
Des fosses sortaient des éclats de rire sardoniques
Les heures monotones s’écoulaient, pacifiques
Des squelettes fous gesticulaient sur les tombes
Neuf heures, peut-être,
Le vent glacé apportait quelques souvenirs
Un incendie, au loin, éclairait la ville
Illuminant sans relâche la cité tranquille
Un chien malade qui dormait se mit à gémir.
Dix heures, peut-être,
Le vent avait encore augmenté de violence
La pluie redoublait, brouillant l’horizon
Des squelettes chantaient en coeur avec passion
Après les rires emprunts d’amertume, le silence.
Onze heures, peut-être,
Week-end de terreur, de crainte, de mort, de Noël
Et puis, dans l’ombre, un bruit de folle lumière
Passions aveugles, violentes et meurtrières
Un cri bref, une douleur d’enfer et puis le ciel.
Midi, peut-être,
La noirceur infinie du ciel insondable
Du sang, glissant sur l’asphalte et le béton
Du sang inondant tout, l’Espoir, l’âge et le nom
Et, intact, de nouveau, le silence coupable.
Plus tard,
Sans doute l’ouragan allait-il bientôt s’éteindre
Et le soleil pourrait revenir, comme avant.
Quelque part un chat miaulait désespérément
Pour survivre, il fallait tout craindre.
Goussainville, le 4 février 1972
Camille de Archangelis
Poème extrait de : «Le mal d’amour»
Editions Caractères 1973
1975 - Prix d’excellence concours du Club International de Relations Epistolaires
1976 - Médaille d’argent huitième grand concours international de Lutèce
1978 - Mention d’honneur grand prix Hutin-Desgrées de l’Ile des Poètes