
EXTRAIT 2
Sur un banc vermoulu
SUR UN BANC VERMOULU
Dans son divin manoir que le soleil écrase
Alors que je dois fuir, je n’ose pas bouger
Et j’écoute son vœu, achevé par la phrase
Où elle me dénie le droit de la juger.
Elle évoque le but où son destin l’entraîne
Pour m’apprendre le jeu que j’aurai dû connaître
Et s’adosse en riant à une armoire en frêne
Pour me donner le cours qui me fera renaître.
Je tire sans tarder les rideaux de cretonne
En admirant sans peur sa pose suggestive
Pour enfin éprouver à la fin de l’automne
Le bonheur sans égal d’une étreinte furtive.
Contre cette déesse au regard pénétrant
Je ne peux amoindrir une joie insensée
Et dans sa chambre où flotte un parfum enivrant
Elle guide mes doigts sous sa jupe plissée.
Je cherche dans ma poche un crayon de couleur
Pour graver une croix sur un banc vermoulu
Devant cette lionne au sourire enjôleur
Qui exerce sur moi un pouvoir absolu.