EXTRAIT 3
Naufrage
NAUFRAGE
Ma mémoire rugit comme un deuil au galop
Extirpant de l’oubli des rêves indigo
L’onde de mon regard, ultime et asservie
Décuple mon silence à l’audace invertie.
Sur un chemin strident où se vautre l’absence
Je déflore un soupir à l’ultime démence
Qu’accompagne mon cri à la haine servile
Et quelques baroudeurs au verso de la ville.
De mes rires tronqués, de mes glauques aveux
J’ai extrait par mégarde un souvenir hideux
Qui se mue en ivresse, harnachée de regrets
Et qui me désaltère en raturant l’été.
Mon destin est pareil à des morsures ivres
Où le vide anticipe un fragment de mes livres
L’ellipse de ma vie au serment dérisoire
Stimule un hymne froid où s’enchaîne ma gloire.
Le soleil s’atrophie en hypnoses perverses
Je ne distingue plus les gibets et les herses
Le temps me désagrège en lueurs amovibles
Me laissant ébloui par des voeux inaudibles.
Ma parole s’éteint dans les rets de la brume
Je renie ma dérive à l’ivresse posthume
Au-delà de l’espoir, j’arrache du néant
Une nymphe qui rôde et annexe le temps.
Comme un tocsin blafard aux spasmes éphémères
Où l’océan s’enlise en carillons austères
L’amertume atrophie le rythme de l’aurore
Et je parade en vain sur l’écho de ma mort.
Avec pour seul espoir de corrompre la nuit
J’arrache de mon coeur une larme étourdie
Des anges moribonds acclament mon tourment
Me laissant seul avec un cercueil éclatant.